Créer une vie grâce au corps du défunt dans une capsule

Depuis quelques temps, les entreprises de pompes funèbres proposent aux familles endeuillées des services respectant de plus en plus l'écologie. Effectivement, le souci écologique s'est emparé du monde funéraire il y a quelques années. Certains spécialistes et militants pointant du doigt les activités funéraires s'opposant à l'idéologie écologique.

Que cela soit pour l'inhumation - avec les cercueils biodégradables - ou pour la crémation - les urnes cinéraires biodégradables -, certains opérateurs funéraires ont suivi la mouvance de ce militantisme écologique. Mais il y a un espace mortuaire qui semble toujours aller à l'encontre du respect de la Nature. Ce dernier est âgé de plusieurs millénaires et s'est largement instauré dans la culture occidentale. Il s'agit du cimetière.

Une capsule funéraire en forme d’œuf et la dépouille en position fœtale

Cette problématique se pose encore et se posera certainement encore de nombreuses années. De plus, la législation du funéraire est, sur ce point, difficilement malléable puisqu'elle remonte à l'époque de Napoléon. Toutefois, deux designers Italiens ont récemment dévoilé leur projet d'un cimetière entièrement écologique. Pour ce faire, ils proposent des capsules funéraires permettant de créer des cimetières forestiers plutôt que des cimetières principalement habités de tombes et autres monuments funéraires.

Anna Citelli et Raoul Bretzel sont les deux designers transalpins en question. Et c'est un cercueil organique et biodégradable qu'ils ont mis au point. D'apparence ovale, ce cercueil - ou plutôt cette capsule d'enterrement - ressemble étrangement à une sorte de cocon ou plus précisément d'un œuf. La dépouille du défunt serait alors positionnée à l'intérieur en position fœtale.

Mais quelle est la différence entre un cercueil biodégradable et ce "cercueil" en forme d’œuf ? L'esprit de ce tout nouveau design mortuaire est de créer une nouvelle vie par le biais d'un corps, celui du défunt. La nouvelle vie créée serait celle d'un arbre.

Le tout fonctionne de la manière suivante. Une fois le défunt et sa capsule funéraire enterrés, un plant d'arbre ou une graine est placé(e) par-dessus. Le végétal puise alors toutes les ressources nécessaires à son développement dans celles "libérées" par le défunt. Le type d'arbre est choisi par le défunt de son vivant puis ce sont la famille et les proches de ce dernier qui s'en occupent lorsque le décès survient.

...Un oeuf, à l'image d'une graine avec un corps à l'intérieur, planté dans le sol avec un plant d'arbre par-dessus. Voici le cercueil "Capsula Mundi"

"Capsula Mundi" : l'objectif est de créer des forêts

Cette capsule funéraire porte un nom : la "Capsula Mundi". En italien, "capsula" signifie "capsule" et "mundi" est un terme latin pour signifier le monde. Littéralement, on pourrait alors traduire ce nom par "La Capsule du Monde". En d'autres termes, les designers Italiens projettent l'idée que la dépouille du défunt ne serait plus totalement inexistante mais qu'elle pourrait reprendre vie dans les racines de l'arbre qui lui a été "confié".

Si sur le court terme, l'objectif est de pouvoir faire passer un message écologique en prétendant que la mort d'un être humain peut servir à créer une nouvelle vie plutôt que d'abattre un arbre pour confectionner un cercueil ; sur le long terme c'est une envie de remplacer les cimetières remplis de tombes par un cimetière forestier qui est dévoilée. "Capsula Mundi sauve la vie d'un arbre et propose d'en planter un de plus. En plantant différents types d'arbres les uns à côté des autres, cela crée une forêt. Un lieu où les enfants pourront apprendre tout sur les arbres. C'est aussi un lieu pour une belle promenade et une façon de se souvenir de nos proches" est-il expliqué sur le site consacré à ce projet (site en anglais ou en italien).

"...Plantés les uns à côté des autres, cela change le cimetière... en une forêt du souvenir !"

En Italie, ce projet de capsule funéraire n'a pas encore vu le jour. Malgré la bataille que livrent les deux designers italiens pour tenter de faire changer la législation funéraire transalpine, ce projet risque de mettre du temps avant de pouvoir être mis à l'oeuvre. Et la probabilité qu'il tombe simplement à l'eau est très grande. Toutefois, il suffit de traverser la Manche pour s'apercevoir que ces cimetières forestiers existent déjà.

Devenir cet arbre

Ainsi, en Grande-Bretagne il est possible de se faire inhumer hors d'un cimetière pour développer des forêts. Le concept est à peu près le même et s'est répandu aux débuts des années 2000. La dépouille du défunt est inhumée dans une sorte de container biodégradable et des plants d'arbres sont alors placés par-dessus.

La ligne directrice de ce projet est de recréer des forêts et de respecter l'environnement. D'un point de vue spirituel, cette capsule d'enterrement permettrait aux familles endeuillées ainsi qu'aux proches des défunts de pouvoir se recueillir devant un arbre qui serait alors né ou qui se serait développé grâce aux ressources naturelles de leur proche disparu. Effectivement, l'idée de la réincarnation ou que la vie spirituelle d'un défunt persiste après son décès est souvent salvatrice pour le deuil. Certains familles aiment planter un arbre en hommage d'un proche disparu mais l'objectif, ici, est de "devenir" cet arbre.